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Addiction au smartphone : le mal du siècle ?

January 16, 2021

L’addiction au smartphone est souvent source de débats houleux.

Pour beaucoup d’entre nous, le téléphone portable est devenu un objet transitionnel, une partie de nous qui a, de la même manière que le « doudou » chez les enfants, un rôle apaisant et rassurant.

Mais alors, quelle place donner à ces appareils dans notre quotidien ?

Faudrait-il suivre la logique des accrocs au portable qui estiment que se méfier de l’omniprésence du smartphone, c’est se méfier du progrès et refuser l’évolution de notre société ?

Ou faudrait-il au contraire, adopter l’attitude jugée parfois réactionnaire consistant à vouloir bannir tous types d’écrans pour revenir à un mode de vie plus simple et moins connecté ?

Le téléphone portable est un support comme un autre

Souvenez-vous (pour les plus vieux d’entre vous) de notre vie avant l’invention du smartphone.

Vous arrivait-il de regarder les informations en rentrant chez vous ?

Étiez-vous pris d’une soudaine envie de fumer une cigarette ou de lire un magazine people en attendant le bus ou dans la salle d’attente du médecin ?

Appeliez-vous votre famille pour prendre des nouvelles, consultiez-vous les Pages Jaunes ou le guide Michelin ?

Envoyiez-vous des lettres d’amour ou des cartes postales d’eau turquoise lorsque vous partiez en vacances ?

En réalité, nous faisons tout cela sur notre smartphone, en allant sur Google News, en lisant les potins sur Twitter, en téléchargeant des applications de cartographie ou en postant la photo de nos pieds sur Facebook.

L’addiction au smartphone nous fait perdre patience


Mais ce support n’est pas si anodin.

Le fait d’acheter un journal dans un kiosque en sortant du travail ou de télécharger un article assis sur la cuvette des toilettes est très différent.

Ce qui a changé, c’est surtout notre rapport au temps dans la transmission de l’information.

Avoir la possibilité d’être informé en temps réel sur tous les sujets et partout peut nous rendre complètement accrocs.

Certains ne supportent plus d’être déconnectés ne serait-ce qu’un instant.

Plutôt que d’une addiction au smartphone, on pourrait parler d’une addiction à l’information immédiate.


L’addiction au smartphone nous empêche de nous ouvrir

L’Internet 2.0 a une fâcheuse tendance à tout penser en termes de communautés.

En nous inscrivant sur des groupes de discussion hyper spécialisés, nous avons tendance à communiquer uniquement avec des personnes qui nous ressemblent, à partager des informations avec des internautes qui ont les mêmes centres d’intérêt, et surtout les mêmes opinions que nous.

En ouvrant l’application YouTube sur votre téléphone, on vous proposera les nouveaux morceaux d’artistes que vous écoutez en boucle, l’intervention d’un homme politique que vous suivez avec attention ou une conférence sur un sujet qui vous tient à cœur.

Internet est devenu si personnalisé que les plateformes ne vous proposent que des contenus susceptibles de vous intéresser.

Or, l’ouverture d’esprit passe par la curiosité pour ce que l’on ne connaît pas, ce que l’on ne soupçonne pas.

Il est important pour s’ouvrir de tomber parfois sur des informations que l’on ne cherchait pas.

Notre addiction au smartphone, en nous permettant d’être connecté à tout moment avec cet univers ultra-personnalisé, nous empêche parfois de nous laisser surprendre, de nous ouvrir à des domaines qui nous étaient totalement inconnus, de dialoguer avec des personnes qui ne partagent pas notre point de vue ou sur des sujets dont sur lesquels nous ne connaissons rien.

L’addiction au smartphone nous fait perdre le sens de l’orientation

L’une des plus grandes révolutions du smartphone fut l’intégration du GPS.

Il est désormais impossible de se perdre (sous réserve d’avoir suffisamment de batterie et de ne pas avoir explosé son forfait 4G).

Loin de moi (qui n’aie jamais eu le sens de l’orientation) l’idée de dénigrer l’invention de la géolocalisation qui simplifie la vie de millions de personnes et qui a permis l’émergence de nouveaux business model tels que Uber.

Mais cette géolocalisation permanente est devenue chez certains une véritable addiction, les rendant complètement incapables de se repérer sur une carte en regardant les noms des rues, de lire les panneaux d’indication ou de mémoriser un trajet.

En voyage également, la géolocalisation a modifié nos habitudes.

Les applications de voyages telles que celles du Guide du Routard intègrent désormais la géolocalisation.

Fini les discussions interminables avec les locaux pour savoir où l’on se situe sur notre plan écrit exclusivement en mandarin.

Notre smartphone nous permet de savoir où nous sommes en temps réel.

Mais au fond, n’est-il pas agréable de se perdre de temps à autre ?

L’addiction au smartphone nous rend moins productifs

Un autre problème majeur de l’addiction au smartphone, c’est qu’elle nous empêche bien souvent de créer une véritable rupture entre les temps de travail et les temps de loisir.

Il devient alors très difficile de vivre l’instant présent, de se concentrer pleinement sur son travail lorsque l’on parle en même temps à ses amis ou à l’inverse de relâcher la pression lorsque nos clients ou notre patron peuvent nous contacter à tout moment.

Utiliser son smartphone de manière intempestive pour vérifier toutes les cinq minutes son compte en banque, les « likes » sur son statut Facebook ou même les infos nous force à changer très régulièrement de tâche.

Difficile dans cette situation de garder son attention sur un travail.

L’addiction au smartphone est un véritable problème pour les entreprises, mais aussi pour les freelances qui perdent parfois énormément en productivité.

Pour cela, pas de solution miracle : éteignez votre téléphone lorsque vous travaillez.

Si vous avez besoin d’utiliser votre téléphone pour travailler, ayez une ligne professionnelle séparée avec un téléphone ne permettant pas d’aller sur Internet.

Si vous devez utiliser les réseaux sociaux ou l’email pour travailler, créez vous des adresses ou des comptes spécifiques pour le travail et fixez vous des horaires pour y accéder.

On a très rarement besoin de consulter ses emails ou de répondre aux questions sur sa page Facebook toutes les 10 minutes.

Il est généralement suffisant de le faire une ou deux fois par jour. À vous de définir quand cela est le plus opportun.

Comment se libérer de son addiction au smartphone ?

Le seul moyen de se rendre compte de son addiction au smartphone et de s’en délivrer, c’est d’oublier volontairement votre téléphone à la maison, pour aller acheter le pain, pour partir au travail toute la journée, ou même pour partir en voyage.

Voyager sans téléphone est une expérience très intéressante.

En n’étant plus capable de prendre en photo tout ce que l’on a devant soi, de chatter avec ses amis restés chez eux pour tuer le temps lors d’un trajet en train, de demander à Google Traduction comment se dit « où sont les toilettes ? » en japonais ou de demander à Trip Advisor de nous indiquer le restaurant aux alentours qui est le plus apprécié des touristes, nous avons une expérience différente du voyage.

Nous avons plus tendance à lever les yeux pour observer les us et coutumes des habitants, de partager des sourires avec eux, d’apprendre leur langue, de visiter des villes au feeling et de découvrir des endroits extraordinaires au fil de nos rencontres et de nos détours.

De manière générale, essayez de remplacer, au moins de temps en temps, ce que vous faites sur votre smartphone par des rencontres avec de vraies personnes ou l’utilisation d’autres médias.

Vous voulez voir de belles photos ?

Allez donc visiter des expositions.

Le rapport que vous aurez à l’image sera bien différent d’une simple navigation machinale sur Flickr.

Vous désirez vous informer, lisez un journal de temps en temps ou écoutez la radio.

Leurs contenus ne sont pas forcément de meilleure qualité que sur Internet, mais les formats généralement plus longs invitent à une manière de réfléchir différente qu’un court article de blog ou une capsule YouTube de 5 minutes.

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